Pieter NEEFFS I (Anvers c.1578 – c.1660) & Hieronymus JANSSENS dit Le danseur (Anvers 1624 – 1693)

Vue de l’intérieur de la Cathédrale d’Anvers
49 x 64 cm

Signé et daté en bas à droite sur le pilastre “PEETER NEEffS / 1650 ”
Huile sur panneau

LES REPRESENTATIONS D’INTERIEURS D’EGLISES A ANVERS AU XVIIe SIECLE– CONTEXTE HISTORIQUE.

Les églises d’Anvers et sa grande cathédrale gothique n’échappèrent pas à la dévastation subie par les Pays-Bas du Sud durant la guerre de Quatre-vingts ans (1568-1648). Les destructions débutèrent dans la nuit du 20 au 21 août 1566, lorsque la « Révolte iconoclaste » atteignit la métropole. Les calvinistes se mirent en devoir de faire disparaître de la cathédrale les images de la Vierge et des saints. Ornements liturgiques, vitraux, statues et tableaux d’autel furent jetés à terre, brisés et piétinés, comme autant de symbole de la superstition catholique qu’il convenait d’extirper.
Les destructions reprirent lorsqu’Anvers rejoignit la ligue d’Utrecht, après la sinistre période des « furies espagnoles ». L’architecte Hans Vredeman de Vries (1527-1606 ?), appelé à Anvers pour réparer les fortifications, témoigna avoir vu en 1581 les protestants dépouiller les églises de leurs derniers éléments de décor.

Quand le duc de Parme, Alexandre Farnèse, dépêché par le roi d’Espagne Philippe II pour reconquérir les Pays-Bas, entra dans la cité à l’issue d’un siège mémorable, celle-ci était exsangue et ses églises nues. Farnèse ramena avec lui la Compagnie de Jésus. Ces soldats de la foi oeuvrèrent au prompt retour d’Anvers, terre de mission à la frontière des provinces du nord protestantes, dans le giron de l’Eglise catholique. Les Jésuites prêchaient l’observance des décrets de la Contre-Réforme relatifs aux sept sacrements, au culte de la Vierge et des saints, à la réorganisation de la discipline dans le clergé et au strict respect des dogmes dans l’iconographie religieuse.

A la veille de sa mort, en 1598, Philippe II nomma sa fille Isabelle et son gendre l’archiduc Albert régents des Pays-Bas. Isabelle et Albert confortèrent la démarche militante des Jésuites en encourageant la création d’ordres religieux, la construction de nouvelles églises et le réaménagement des églises existantes. Ornemanistes, menuisiers, sculpteurs, peintres et architectes affluèrent pour répondre aux commandes, sous la protection des archiducs. Les Jésuites veillèrent à ce que les églises soient construites et décorées dans un style sévère, conforme à l’esprit tridentin (Concile de Trente) : aux bas-côtés et aux chapelles latérales, ils préférèrent un espace unifié pour accueillir la communauté des fidèles rassemblée autour du prédicateur.
A défaut, lorsqu’il fallut réaménager les édifices médiévaux comme la grande cathédrale gothique d’Anvers, l’accent fut mis sur la nef principale. Ainsi, les autels nécessaires à la célébration des offices furent adossés aux colonnes qui soutenaient la nef centrale. La sobriété et la simplicité de l’ornementation étaient de mise, en réponse à l’extrême dépouillement des temples protestants et pour manifester la régénération de l’Eglise catholique et de son clergé.

Après la fin de la Trêve de Douze Ans (1609-1621) ces aménagements disparurent peu à peu, remplacés par l’emphase, la somptuosité et la profusion des décors baroques. Plus sonores, plus démonstratifs, les tableaux d’églises prirent de l’ampleur jusqu’à atteindre des proportions gigantesques à la mesure des immenses autels élevés pour attirer l’armée des fidèles. Les programmes ambitieux imaginés par Rubens et ses élèves, au premier rang desquels Van Dyck et Jordaens, exprimèrent la puissance de l’Eglise triomphante.

LA REPRESENTATION DE L’EGLISE COMME PALAIS DE LA FOI CATHOLIQUE.

Les tableaux d’Hendrick van Steenwijck I (Kampen vers 1550 – Francfort-sur-Main 1603) et ceux de son fils Hendrick van Steenwijck II (Anvers 1580 – Leyde 1649), puis ceux de Peeter Neeffs I qui fut leur élève, constituent un précieux témoignage de l’état des églises flamandes et de leur mobilier dans les premières décennies du XVIIe siècle, avant l’avènement du baroque triomphant, même si certains furent réalisés beaucoup plus tard. Dans ces années de reprises en main, les représentations d’architectures religieuses remplacèrent celles des palais imaginaires maniéristes : l’Eglise devint un palais de la foi catholique. Les perspectives, comme on appelle ces vues d’église, sortirent en nombre de l’atelier des Steenwijck puis de celui de Neeffs pour satisfaire une clientèle composée d’institutions religieuses, dont elles servaient la propagande, mais aussi d’aristocrates et de bourgeois désireux d’afficher leur appartenance au catholicisme ou simplement séduits par la virtuosité dans la maîtrise de la construction perspective, la précision des architectures, et l’harmonie de la palette chromatique.

Peeter Neeffs I commença par imiter les œuvres de son maître Steenwijck puis mis au point sa propre formule, répétée par ses fils Peeter Neeffs II (Anvers 1620-après 1675) et Lodewijck Neeffs (Anvers 1617-vers 1649). Cette famille de peintre était à la tête d’un atelier prospère. Pour satisfaire la clientèle, il fallait produire vite. Le plus simple était de reprendre les mêmes schémas de composition et d’y adjoindre des variantes. De même, des collaborateurs extérieurs étaient souvent employés pour les figures. Les noms de Frans Francken II et III, Jan Brueghel, David Teniers sont les plus fréquemment avancés. Mais Hieronymus Janssens réalisa également les figures dans plusieurs tableaux de Pieter Neeffs, comme dans notre composition. Surnommé le « danseur » il est célèbre pour ses représentations de bals et de fêtes. Son dessin délicat et les tons argentés de ses personnages sont remarquables dans notre tableau. Il anime ainsi la cathédrale d’une élégante compagnie.

Les tableaux de Peeter Neeffs I combinent des éléments d’architecture précisément observés avec des éléments imaginaires, ou empruntés à différents édifices. Il puisa souvent son inspiration dans la cathédrale d’Anvers que notre tableau décrit assez fidèlement. On y reconnaît les cinq nefs, les élévations, les voûtes d’ogive et le jubé. Cette perspective décrit assez bien les aménagements post-tridentins, notamment les autels offerts par les corporations : en bois, très sobres, surmontés de retables, ils s’adossent aux colonnes.
Le point de vue légèrement décentré vers la gauche fut mis au point par Neeffs vers 1620 et maintes fois répété ensuite.

MUSEES: MRBAB, Bruxelles; Louvres, Paris; Metropolitan Museum of Art, New York; Prado, Madrid; Offices, Florence; Kunsthistorisches Museum, Wien; National Gallery of Art, Washington; Fitzwilliam Museum, Cambridge; Victoria & Albert Museum, London; Mauritshuis, Den Haag; Hermitage, Saint-Petersbourg; …

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